#PORTRAIT | Les œuvres de Philippe Leroux
Les œuvres de Philippe Leroux (né en 1959) sont toujours fascinantes et énigmatiques. Loin de résumer le propos multipiste de la musique, leur titre invite àréfléchir, souvent de manière souriante.

Ainsi de Quid sit Musicus ? qui met, entre autres, un motet de Guillaume de Machaut en perspective futuriste et pose une question philosophique : qui est le musicien ? Celui qui conçoit la musique, celui qui l’interprète (Solistes XXI, ensemble dirigé par Rachid Safir) ou celui qui lui donne une réalité par l’écoute ? En fait, la conjonction des trois. Validée par Philippe Leroux, la réponse l’est aussi par Laurence Equilbey, chef de l’Insula orchestra et du chœur Accentus, qui offre au contre-ténor Franco Fagioli le tremplin idéal pour remonter aux origines de l’Orfeo ed Euridice (1762) de Gluck. Projection inverse avec Matthias Pintscher et l’Ensemble Intercontemporain qu’il dirige, pour un György Ligeti d’avenir. Pour le piano-charnière (milieu XVIIIe siècle) de Carl Philipp Emanuel Bach, intelligemment revisité par Elena Filonova, comme pour celui plus qu’actuel de Samuel Sighicelli, savamment prolongé par le jeu du sampler, la question de l’identité musicale s’avère également d’une richesse infinie.
1. Quid sit Musicus ?, de Philippe Leroux (Soupir/Socadisc)
2. Orfeo ed Euridice, de Christoph Willibald Gluck (Archiv Produktion)
3. Les Trois Concertos, de György Ligeti (Alpha Classics/Outhere Music)
4. Sonates pour piano, de Carl Philip Emanuel Bach (Ardens Records/Socadisc)
5. Etudes pour piano et sampler, de Samuel Sighicelli (Cuicatl-La Buissonne/Harmonia Mundi)
Source : Pierre Gervasoni pour LE MONDE.FR